"Les gens qui n'ont plus d'argent sont expulsés et l'opinion en fait de même par rots, plaintes et hoquets pour tout et n'importe pourvu "qu'on en sorte". Mais les années et les mois passaient, indéfiniment longs car la vitesse à laquelle se propulsaient les idées avaient tendance à raccourcir les discours. Un allègre pique-niquage s'ensuivit qui fit que les thèmes devenaient interchangeables.
Mais sortir de quoi ? Il paraît que les chercheurs ne s'accordaient plus sur le cadre. Ce qui était normal puisque de cadre il n'y en avait pas. Ils avaient touché le fond, ainsi qu'à celui du respect de la parole. Cent formes les assaillaient. Or, il n'était de fond que ce qu'ils avaient formé au fil des siècles et avec lequel ils voulaient à tout prix faire escadre. Aussi, de fond en comble, ils n'en faisait qu'un. Le reste au fond les indifférait, détonner les incommodait. Ce n'était plus leur problème. Peut-être qu'ils n'avaient pas la forme ?
Pour d'autres, les us et les coutumes dominaient le monde, et l'on ne pouvait soit disant y échapper. Et ils mixaient le doute, l'angoisse et l'anxiété comme un formatage rapé sur un plat de nouilles.
Néanmoins, dans cette campagne d'arrière garde affligeante sous bien des aspects, furent abordées des questions qui n'avaient pas été encore soulevées et qui montraient les chemins et les niveaux de réflexions parcourus au revers des opportunismes. Mais avions-nous tous les outils pour bien les lire ? Un soufflet malencontreusement parfois retombait sur un plateau télé. Ceci nous faisait bien rire au passage alors que cela n'aurait pas du. C'était un rire de dépit. Il y avait aussi cet homme exaspéré qui criait devant une gare, son légitime dégoût et quoi pour entendre la crainte qu'il exprimait ?
Que restait-t-il alors de cet électorat là qui disait ne plus vouloir ni de l'ultra libéralisme, ni de la haine, ni des promesses non tenues et quelles seraient ses intentions de vote aux législatives ? Tout semblait incertain. Comment dès lors ne pas se méfier de la loupe suave des commentaires autorisés? Elle exagérait souvent le rôle des orateurs amphibiens qui par suite d'énoncés controversés les rectifiaient à la sauvette, les imposant tout à coup en arbitres, gonflant leur prétention, sondages vénéneux à l'appui. Artifices, tentatives d'amorce, suivisme au désespoir tenace. L'on s'en prit aussi aux bonnes volontés qui n'en pouvaient plus des représentations grotesques.
Mais une parole était déjà là qui s'en allait, chassée bien vite par une nouvelle image, et une formule de secours dont nous étions si friands... Friands ou tributaires? Au fond, chaque candidat se trouvait face à ses propres limites sans arriver vraiment à s'en cacher."
Là-dessus le pipotron se tut... Ainsi coulait, sans doute pour ne rien dire, une sueur froide qui passait par là.
- Ecoutez, maintenant il faut arrêter vos bêtises on vous mène en bateau, tout est cousu de fils blanc, bleu, rouge... Il faut devenir adulte car les méchants vilains sont à nos portes ! assurait une affiche très satisfaite de sa surbrillance médiatique. Elle entendait par ses propos, mener la foule à l'expiation.
- J'arrive ! s'éleva soudain une voix derrière un rideau. C'était une diva déesse. Elle sortit de derrière un grand rideau avec une musique tonitruante et six pierres autour de son poignet.
- Mais tu accouches ou quoi ? On t'attend depuis des lustres! dit un inconnu.
- Peut-être ! répondit-elle.
-"O" point où nous en sommes ! s'exclama soudain le coq Ulysse qui avait choisi cet année là, de faire un long discours, et de chanter trois fois au lever du soleil. Il joignit ses serres et ses mains comme dans un acte de prière. Lui, il ne rêvait que d'une seule chose, c'était de rejoindre son épouse sur l'île d'Attaque où elle l'attendait. Il était désormais prêt à beaucoup pourvu que les argots-notes s'envolent enfin de son bateau.
L'odyssée ne faisait-elle que commencer?